Le cannabis médical contre la douleur, info ou intox?
Par quels mécanismes le cannabis peut-il moduler les douleurs ?
Nous avons vu dans un précédent billet sur ce blog que les endocannabinoïdes peuvent moduler les messages douloureux au niveau du cerveau et des nerfs périphériques en agissant sur les récepteurs spécifiques CB1 et CB2.
En intervenant au niveau des récepteurs CB2 localisés sur certaines cellules du sang, les endocannabinoïdes pourraient aussi exercer une action contre la douleur grâce à un effet anti-inflammatoire.
Il semble que l’association du delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) et du cannabidiol (CBD) contenus dans le cannabis soit plus efficace contre les douleurs qu’une prise de THC seul ou de CBD seul.
Existe-t-il des études cliniques effectuées chez les patients ?
Oui, depuis quelques années, plusieurs études cliniques sur les effets antalgiques du cannabis médical ont été publiées. Celles-ci sont toutefois très hétérogènes et ne permettent pas d’établir de conclusion définitive car :
• Elles ont inclus des patients souffrant de douleurs variées : douleurs chroniques neurogènes, douleurs liées au cancer, douleurs chroniques musculo-squelettiques non cancéreuses.
• Elles ont utilisé différentes formes de cannabis : plante entière en fumée ou en vaporisation, teinture, sirop, spray d’extrait standardisé d’une association de THC-CBD (nabiximol), ou comprimés de dérivés synthétiques (dronabinol).
• Elles n’ont pas recouru aux mêmes méthodes pour évaluer les effets antalgiques et les effets indésirables.
Quelle est son efficacité contre les douleurs neurogènes chroniques ?
Les douleurs neurogènes sont liées à une lésion ou un dysfonctionnement du système nerveux, soit au niveau périphérique (section ou compression d’un nerf, zona, diabète, chimiothérapie…), soit au niveau central (accident vasculaire cérébral, sclérose en plaques…).
Lors de douleurs neurogènes chroniques qui n’ont pas répondu à un traitement antalgique recommandé, la prise de cannabis, sous diverses formes, a permis chez environ 1 patient sur 5
une diminution d’environ 30% de l’intensité des douleurs
Quelle est son efficacité dans les douleurs chroniques liées au cancer ?
Les douleurs liées au cancer peuvent avoir de multiples origines, par exemple liées à une tumeur ou au développement de métastases dans un organe comme le tube digestif, les os ou une structure nerveuse.
Dans trois études, la prise de cannabis médical, principalement sous forme de THC, a permis une diminution de l’intensité des douleurs d’au moins 30% chez environ 40% des patients.
Et lors de douleurs chroniques musculo-squelettiques non cancéreuses ou liées à la fibromyalgie ?
La majorité des patients inclus dans deux études n’ont pas ressenti de bénéfice antalgique lors de la prise de cannabis. Mais la méthode utilisée par ces enquêtes n’est pas en mesure de garantir la fiabilité des résultats.
Que retenir de l’effet antalgique du cannabis médical ?
En l’état actuel des connaissances, l’association THC-CBD soulage certains patients de façon limitée.
Quels sont les effets indésirables du cannabis médical ?
Ils sont souvent liés à la dose: plus la dose augmente plus on ressent d’effets indésirables. Ainsi le dosage doit être progressivement adapté sous contrôle médical.
Les effets indésirables sont principalement : somnolence, vertiges, troubles de la coordination, désorientation, confusion, euphorie, anxiété, troubles de la mémoire et de la concentration, perturbation de l’appétit, augmentation du rythme cardiaque, diminution de la tension.
Une tolérance est décrite et nécessite d’augmenter la dose pour garder le même effet.
Une dépendance physique peut s’installer ; ainsi lors d’un arrêt brusque après une prise prolongée, un syndrome de sevrage peut survenir dont les symptômes sont une irritabilité, une agitation, une insomnie et des bouffées de chaleur.
Comment obtenir une prescription du cannabis médical contre les douleurs ?
Si les douleurs chroniques ne répondent pas à un traitement recommandé bien conduit, le médecin peut faire une demande à l’Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP) pour une autorisation exceptionnelle de prescription.
Dans la demande, le médecin décrit la situation médicale, s’engage à suivre le/la patient-e et à envoyer régulièrement un rapport à l’OFSP. Il joint à la demande le consentement signé par le/la patient-e indiquant qu’il/elle a reçu toutes les informations nécessaires. En cas d’accord de l’OFSP, le médecin fera une demande de remboursement auprès de l’assurance du patient car la prescription de THC-CBD contre les douleurs n’est pas une indication reconnue par Swissmedic. Ainsi ce traitement n’est pas automatiquement remboursé. Le médecin avisera également les autorités cantonales compétentes.
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Billet rédigé par Dre V. Piguet
Billet relu par Dre. O. Braillard, Dr L. Gschwind, Dre L. Wainstein et Mme S. Soumaille
Aucun conflit d’intérêt n’est rapporté par l’auteur et relecteurs.
Références
Le cannabis médical de quoi parle-t-on?
Ing Lorenzini K. Cannabinoïdes médicaux dans les douleurs chroniques : aspects pharmacologiques. Revue Médicale Suisse
Docteur, prescrivez-moi du cannabis. SantéRomande.ch
Existe-t-il des études cliniques sur la résorption de la douleur dans le cas de l’algodystrophie ?
Trois traitements au Miacalcic n’ont pas donné d’effets
Béatrice
Bonjour
Il y a de nombreuses études cliniques étudiant l’effet de diverses approches pour diminuer les douleurs lors d’algoneurodystrophie ou appelée aussi syndrome douloureux régional. Les douleurs d’algoneurodystrohpie sont très complexes et actuellement aucune étude ne démontre qu’un médicament ou une approche non médicamenteuse soit plus efficace que les autres. Ainsi on recommande une approche multimodale qui est bien décrite dans l’article sur le site Planète Santé à l’adresse https://www.planetesante.ch/Maladies/Syndrome-douloureux-regional-complexe
En espérant avoir répondu à votre question
j’ais des douleurs neurologiques à la suite d’une opération des canaux lombaires rétrécis depuis les douleurs sont tombées dans les pieds,j’ais un stimulateur implanté dans le dos .suis sous Lyrika,oxinorm 05 j’en prends parfois jusqu’à 20 à 30 mg le jour sinon cela m’énerve et je ne peux pas dormir de plus depuis peu j’ais des patchs à la morphine j’avais du 25 je passe aujourd’hui au 37 cela avec un patch de 25 + un de 12 ( du fentanyl) le Lyrika et l’oxinom j’éssais dans prendre le moins possible car j’ai langue comme une râpe avec des crevasses ouverte pensez -vous que la graine de cannabis puisse m’aider ,merci de votre réponse salutations distinguées .
Bonjour
Je vous remercie de votre témoignage. Je ne peux pas faire de consultation online, mais uniquement vous répondre de façon théorique.
Les douleurs neurologiques sont parmi les plus difficiles à traiter, en général une seule approche ou un seul médicament est insuffisant. La Fédération européenne contre la douleur (EFIC) recommande le cannabis médical contre les douleurs neuropathiques lorsque toutes les autres approches ne soulagent pas les douleurs suffisamment pour obtenir une qualité de vie acceptable. Les études ont montré que le cannabis médical soulageait de 30 à 50% les douleurs neuropathiques que chez un faible pourcentage des patients traités. Je vous recommande d’en discuter avec votre médecin spécialiste de la douleur.
Bonjour,
opéré en 1990,c5 C6 C7,ablation des deux disques,,doulers chronique insuportable depuis le retrait du miolastant,en 2013,,seul le zolpiden m’aidepour avoir un peu de sommeil,et les cures thermals,vec une hygiène d evie proche des moines, pas sortie le soiraprès 20h, depuisvingt ans,trop fatigué, contractures trop importantes,ni sport,marche ,sauna, haman,.
J’ai testé tout le smédicaments, infiltration,alors tense, rien n’y fait;et je vien sde tester la THC par gouttes sous lalangue aucun effet!!!
Cher Monsieur
Nous comprenons votre situation particulièrement complexe et épuisante liée à des douleurs chroniques réfractaires aux traitements. Nous vous rappellons que nous n’effectuons pas de consultation médicale à travers ce blog, ainsi nous vous donnons une réponse générale, non personnalisée.
Le Myolastan (nom de marque) contient du tétrazépam qui est une benzodiazépine comme le diazépam ou d’autres. Ces molécules possèdent un effet anxiolytique, ainsi en diminuant l’anxiété elles permettent de se décontracter et mieux dormir. Il existe d’autres myorelaxants sur le marché français, parlez-en avec votre médecin.
Concernant les cannabinoïdes, une étude, incluant malheureusement peu de patients, a montré un effet antalgique supérieur de l’association THC avec le cannabidiol (CBD) que celui avec du THC seul. Cependant, comme mentionné dans notre billet, l’effet antalgique (diminution partielle des douleurs) n’est présent que chez environ 1 patient sur 5 patients traités. Il faut aussi adapter la dose du mélange CBD-THC pour chaque patient. Nous vous proposons aussi d’en rediscuter avec votre médecin ou de consulter un centre spécialisé de la prise en charge des douleurs réfractaires. Vous trouverez les adresses sur le site du Ministère des Solidarités et de la Santé.