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Un antalgique utile = diminution des douleurs + sécurité d’emploi

Valérie Piguet le 15 décembre 2016 | 0 Commentaire

Vous avez probablement entendu ou lu dans les médias que les experts santé de l’association des consommateurs belges ont listé 600 médicaments sur le marché qu’ils jugent peu utiles, voire même déconseillés.

Dans son émission du 29 novembre 2016, l’émission « A Bon Entendeur » de la RTS a révélé que 597 médicaments vendus en Suisse sont potentiellement concernés, soit 11% du total des 5300 médicaments sur le marché.
Sur le site de l’émission « A Bon Entendeur » , vous pouvez revoir l’émission et chercher, à partir de leurs noms de marque, l’évaluation des médicaments qui vous intéressent.

Les auteurs belges ont classé les médicaments en 3 catégories.
Pour les antalgiques
Utilité limitée : leur efficacité antalgique et leur sécurité d’emploi sont prouvées, mais leur utilisation devrait être réservée à certains patients et pour une durée limitée.
Utilité contestable : leur efficacité antalgique n’est pas clairement prouvée et leur sécurité d’emploi est discutable.
Déconseillé : leurs effets indésirables, qui peuvent être graves, sont plus importants que leurs effets antalgiques. La balance risques-bénéfices n’est donc pas en leur faveur.

Quelles sont les conclusions de l’association des consommateurs belges concernant les antalgiques?

En raison de leurs nombreux effets indésirables, tous les anti-inflammatoires (par exemple ibuprofène, diclofénac, celebrex), y compris ceux que vous pouvez acheter sans ordonnance, ne sont pas un premier choix contre des douleurs faibles à modérées. Le paracétamol est l’antalgique de premier choix contre de telles douleurs.
Le métamizole, un anti-inflammatoire, peut provoquer des effets indésirables très graves au niveau des globules blancs, de la peau ou causer des réactions allergiques. Ces réactions peuvent mettre la vie en danger. Ces effets indésirables sont heureusement rares, mais pourquoi prendre un tel risque alors qu’il est tout à fait possible de traiter des douleurs aigües fortes avec d’autres antalgiques moins toxiques ?

L’utilisation des opioïdes forts (par exemple la morphine ou l’oxycodone) est réservée aux douleurs fortes aigües ou subaigües qui ne répondent pas aux autres antalgiques. Ils présentent tous des effets indésirables pouvant être dangereux en cas de surdosage. Ils comportent également un risque de dépendance. Certaines douleurs ne répondent pas aux opioïdes forts.

L’utilisation de comprimés combinés, contenant deux substances actives différentes A et B, peut être utile dans la vie quotidienne en diminuant le nombre de pilules à avaler.

Comprimé-combiné

Cependant, ces comprimés combinés limitent l’individualisation thérapeutique. C’est-à-dire que le médecin est limité dans ses choix pour mieux vous soulager. Il ne peut pas modifier la dose de la substance A, indépendamment de la substance B, dose qui correspondrait mieux à votre situation, ni modifier l’horaire de prise d’une des deux substances.

Comprimés-substance-unique

Rappels utiles

Les conclusions des évaluations des auteurs belges se basent sur des études cliniques qui ne reflètent par forcément votre situation.

en-parler

La prescription ou la vente d’un antalgique, comme de tout autre médicament, est un acte individualisé, effectué dans le cadre d’une relation de confiance avec un médecin ou un pharmacien. Ceux-ci choisissent l’antalgique en fonction de votre situation : types de douleurs, autres maladies, autres traitements, possibles allergies,…

 

Références
Planète Santé : Les antidouleurs, des cachets comme les autres? Benoìt Perrier et experts suisses
https://www.planetesante.ch/Magazine/Medicaments-examens-et-traitements/Anti-inflammatoires/Les-antidouleurs-des-cachets-comme-les-autres

afssaps et groupe d’experts français, Prise en charge des douleurs de l’adulte modérées à intenses
http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/a6497f74fc2f18e8db0022973f9327e1.pdf

 

Billet rédigé  par Dre V. Piguet
Billet relu par Dr C. Luthy, Mme S. Soumaille, M. M. Balavoine et une personne ne travaillant pas dans le domaine de la santé.
Aucun conflit d’intérêt n’est rapporté par les auteurs et relecteurs.

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Publié par Valérie Piguet

Médecin consultante dans les services de pharmacologie et toxicologie cliniques et de médecine interne de réadaptation des Hôpitaux Universitaires de Genève. Médecin au centre Jean-Violette du traitement de la douleur, Genève

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