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Phytothérapie : sous quelles formes ?

Ce premier billet a pour but de vous introduire au monde de la phytothérapie.
Il sera suivi d’un deuxième qui vous présentera plus en détail quelques plantes qui ont des propriétés antidouleur.

Le recours aux plantes pour se soigner rencontre un succès grandissant. Les plantes bénéficient d’une bonne image. Elles sont souvent associées à l’idée qu’elles représentent une alternative naturelle aux médicaments et donc sans danger.

Pourtant, les plantes peuvent aussi être toxiques ou être source d’interactions avec vos autres médicaments.
C’est pourquoi il est important de parler avec votre médecin ou votre pharmacien avant de commencer un traitement à base de plantes.

Phytothérapie

La thérapie par les plantes, ou «phytothérapie », utilise des plantes fraîches ou séchées.
A l’aide d’un procédé nommé «extraction », il est possible d’isoler les composés qui ont un effet bénéfique sur l’organisme. Les substances actives (ou principes actifs) ainsi extraites sont ensuite transformées en comprimés, gélules, crèmes, patchs, etc.
On les appelle « phytomédicaments ». Comme pour tout médicament, leur substance active comporte des effets bénéfiques, mais également des effets indésirables et des contre-indications.

De même, comme les autres médicaments, les phytomédicaments doivent satisfaire aux normes d’efficacité, de qualité et de sécurité imposées par Swissmedic (autorité compétente qui donne les autorisations de mise sur le marché des médicaments en Suisse). Une fois enregistrés, les phytomédicaments sont disponibles en pharmacie. Certains peuvent l’être également en droguerie.

Il est aussi possible d’utiliser les plantes séchées telles quelles et d’en faire des tisanes.
Une tisane est soit une infusion (on plonge la plante dans l’eau bouillante), soit une décoction (la plante est placée dans l’eau froide puis on fait bouillir le mélange). Les principes actifs sont ainsi extraits dans l’eau chaude. Les avantages sont que c’est peu coûteux et agréable à consommer. En revanche, l’inconvénient est que la quantité de substance active ingérée à chaque fois est différente car la quantité de plante utilisée varie. De plus, la proportion de substances actives change aussi en fonction des récoltes. Pour s’assurer d’utiliser des plantes séchées de bonne qualité, il est conseillé de vous approvisionner dans les pharmacies ou les drogueries.

Ne pas confondre la phytothérapie avec les compléments alimentaires

Les compléments alimentaires ne soignent pas. Leur rôle est de compléter une alimentation courante afin de pallier à des manques dans les apports journaliers. Les fabricants de compléments alimentaires n’ont d’ailleurs pas l’obligation de répondre aux mêmes exigences strictes que les phytomédicaments. Ce type de produits est disponible en pharmacie, droguerie et grandes surfaces.

Rappel
Certaines plantes, qu’elles soient sous forme de phytomédicaments, compléments alimentaires ou tisanes, peuvent beaucoup perturber l’effet de vos médicaments ou aggraver une maladie.

Petite histoire

La belladonna doit son nom au fait qu’elle dilate la pupille. Ainsi les « belles dames » de Venise l’utilisaient pour rendre leurs yeux plus attirants.
Mais, les autres noms communs de la belladone sont l’herbe au diable, l’empoisonneuse ou morelle furieuse. Ses baies noires contiennent de l’atropine une substance qui peut provoquer des troubles cardiaques, respiratoires et neurologiques. A doses toxiques, elle peut conduire au coma.

Avant de débuter un traitement à base de plantes, il est important de demander conseil à votre pharmacien ou votre médecin.

 

Billet rédigé par Mme L. Apostolides 

Billet relu par Dre L. Gschwind et V. Piguet, Mme S. Soumaille
Aucun conflit d’intérêt n’est rapporté par l’auteur et relecteurs.

Références

« Les plantes médicinales validées par la science » Planète Santé

« Médicaments à base de plantes – Quels sont les risques? » Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé

« Les compléments alimentaires : le bien et le mal » Planète Santé

« Pas de compléments alimentaires sans avis médical » Planète Santé

Pharmacie BUSP3, Cours de pharmacognosie et phytochimie, Dr. P. Christen, Dr. E. Ferreira, Prof. M. Cuendet, Prof. J.-L. Wolfender, basé sur le cours du Prof. K. Hostettmann, 2016

Pharmacie BUSP3, Compléments alimentaires et aliments fonctionnels, Prof. J.-L. Wolfender, 2017

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Publié par Valérie Piguet

Médecin consultante dans les services de pharmacologie et toxicologie cliniques et de médecine interne de réadaptation des Hôpitaux Universitaires de Genève. Médecin au centre Jean-Violette du traitement de la douleur, Genève

3 commentaires

  1. Bonjour,
    article intéressant.
    Je ne connais pas la legislation Suisse mais pour ce qui est de la France, la quasi-totalité du marché de la phytothérapie tombe dans la réglementation du complément alimentaire. La différence majeure est que le phytomédicament standardise le produit en imposant des % des principaux principes actifs. Or la nature est ainsi faite que d’un terroir à un autre, d’une année à une autre, les compositions chimiques varient. Une préparation de phytothérapie doit au maximum être une représentation du totum de la plante, de son intégralité moléculaire car contrairement aux médicaments qui sont le plus souvent mono-moléculaire, une plante est un ensemble synergique de molécules. Un exemple: la Reine des près est la plante à l’origine de la découverte de l’aspirine. Elle contient un précurseur de l’acide acétylsalicylique et pourtant elle est anti-ulcéreuse contrairement à l’aspirine.
    En bref, un bon laboratoire peut fabriquer des préparations de phyothérapie de grande qualité sans avoir un statut de phytomédicament

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    1. Bonjour
      Merci pour toutes ces informations. Je précise cependant que la reines des prés n’a pas d’effet anti-ulcéreux, elle n’est donc pas conseillée pour traiter les ulcères gastriques. Il semble que les tannins qu’elle contient protègent la muqueuse gastrique des effets toxiques de l’acide salicylique.

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  2. Merci beaucoup sur cet article pour la phytothérapie. Je considère que les articles sons rares mêm tres utiles et éducatifs.

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