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Phytothérapie contre les douleurs : vraiment efficaces ?

Nous vous rapportons les connaissances actuelles concernant trois plantes connues dans le grand public pour leurs propriétés antalgiques.

La Griffe du Diable

(Nom latin : Harpagophytum procumbens, famille : Pedaliaceae)

Le nom commun de cette plante est en lien avec l’apparence de son fruit qui ressemble à une main crochue.

La griffe du diable contient de nombreuses substances actives, dont les harpagosides. Testées en laboratoire et chez le rat, elles présentent des effets anti-inflammatoires et antalgiques.
Les résultats provenant des études conduites chez des personnes souffrant d’arthrose ou de lombalgies sont disparates en fonction des douleurs, des patients, des produits testés (poudre de plante, extrait étanolique ou aqueux, teinture mère) et de la concentration de la substance active. Les auteurs de ces études s’accordent pour décrire un effet antalgique modeste chez certains patients.

Les experts de l’Agence Européenne du Médicament concluent que les préparations contenant de la griffe du diable peuvent être utilisées pour soulager les douleurs articulaires légères.
Il est recommandé de consulter un médecin ou un professionnel de la santé qualifié si les douleurs s’aggravent pendant l’utilisation ou si les symptômes des douleurs articulaires durent plus de quatre semaines.
La griffe du diable peut provoquer de légers troubles gastro-intestinaux et des maux de tête.
Elle est contre-indiquée en cas de grossesse ou d’allaitement, chez les enfants et chez les personnes souffrant ou ayant souffert d’ulcère. Elle est à utiliser avec précaution chez les diabétiques, chez les patients ayant des problèmes de tension, et ceux prenant des médicaments pour fluidifier le sang.

Sur le marché suisse, on trouve des gélules et des comprimés à base de racine de griffe du diable. La posologie peut varier d’une spécialité à l’autre. La racine de griffe du diable peut également être consommée sous forme de tisane.

Le poivre de Cayenne

(Nom latin : Capsicum, famille : Solanaceae)

Le poivre de Cayenne, également appelé piment de Cayenne, est principalement connu pour épicer les plats. Cependant, il possède également des vertus thérapeutiques.
Le poivre contient de la capsaïcine, molécule responsable de la chaleur intense dans la bouche quand on mange un piment.
La capsaïcine agit en deux temps successifs : elle provoque d’abord une libération de substances provoquant la douleur, puis cette libération épuise les réserves des neurones qui ne peuvent alors plus signaler de douleur.

D’un point de vue thérapeutique, la capsaïcine est utilisée sous forme de crème ou patch sur une peau non lésée, c’est-à-dire sans blessures ouvertes. Lors de son application, elle provoque d’abord une sensation de brûlure puis un effet insensibilisant et analgésique.

Les crèmes et patchs cutanés faiblement dosés sont disponibles sans ordonnance. Ils sont conseillés pour soulager des douleurs musculo-squelettiques et des névralgies d’intensité faible à modérée. Le niveau de preuves de leur efficacité est faible, mais certains patients peuvent en retirer un bénéfice.
Ce sont des traitements à utiliser pendant maximum trois semaines. Il est recommandé de bien se laver les mains après avoir utilisé une pommade à base de capsaïcine pour éviter tout contact avec les yeux ou les muqueuses. Les patchs et pommades peuvent, dans de rares cas, provoquer des réactions comme des démangeaisons, des éruptions ou des brûlures. Demandez l’avis de votre médecin ou de votre pharmacien pour un emploi chez des jeunes enfants et les femmes enceintes ou allaitantes.

Petite anecdote, les sprays au poivre d’autodéfense vendus en Suisse contiennent de la capsaïcine.

Les patchs de capsaïcine fortement dosés (8%) sont indiqués, sur ordonnance médicale, pour le traitement des douleurs neuropathiques périphériques chez les adultes. Selon les études, chez certains patients leur efficacité peut être comparable à celle des médicaments par voie orale utilisés contre ces douleurs (antiépileptiques, antidépresseurs), avec moins d’effets indésirables comme une somnolence, vertiges, fatigue.
Vous trouverez la description des approches thérapeutiques des douleurs neuropathiques dans le livre « Les douleurs chroniques et rebelles » S. Soumaille et V. Piguet, Editions Planète Santé.

L’arnica

(Nom latin : Arnica montana, famille : Asteraceae) :
L’arnica possède une classe de molécules qu’on appelle lactones sesquiterpéniques qui sont probablement à l’origine des effets anti-inflammatoires, analgésiques et anti-ecchymotiques (contre les hématomes ou « bleus ») observées en laboratoire.
Devant les résultats contradictoires d’études de mauvaise qualité, les experts de l’Agence Européenne du Médicament concluent au manque de preuve d’une efficacité antalgique et anti-ecchymotique de l’arnica.
Du point de vue phytothérapeutique, on retrouve l’arnica sous forme de crème, pommade ou gel à appliquer sur une peau non lésée, c’est-à-dire sans blessures ouvertes. Il faut éviter tout contact avec les yeux. Il est possible également d’utiliser l’arnica sous forme de fleurs séchées pour en faire des compresses « maison ».
Les effets indésirables principaux d’une application locale sont: rougeurs ou démangeaisons. Demandez l’avis de votre médecin ou de votre pharmacien pour un emploi chez des jeunes enfants et les femmes enceintes ou allaitantes.
Attention : En phytothérapie, l’arnica ne doit pas être consommée par voie orale. Elle contient une molécule nommée hélénaline qui est toxique et provoque des problèmes digestifs, cardiaques et respiratoires.

Billet rédigé par Mme L. Apostolides 

Billet relu par Dre L. Gschwind et V. Piguet, Mme S. Soumaille
Aucun conflit d’intérêt n’est rapporté par l’auteur et relecteurs.

Références :
Griffe du diable. Agence Européenne du Médicament
Arnica. Agence Européenne du Médicament
Bruneton. Pharmacognosie. Phytochimie. Plantes médicinales. Ed Lavoisier 5ème édition 2016
S. Soumaille « Que faire lors de douleurs neuropathiques » dans « Les douleurs chroniques et rebelles » Editions Planète Santé.

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Publié par Valérie Piguet

Médecin consultante dans les services de pharmacologie et toxicologie cliniques et de médecine interne de réadaptation des Hôpitaux Universitaires de Genève. Médecin au centre Jean-Violette du traitement de la douleur, Genève

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