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Ne donnez plus de codéine aux enfants

Chez les enfants de moins de 12 ans, la codéine comporte des risques d’effets indésirables graves, voire mortels.

Explications

Médicament efficace, la codéine a pendant très longtemps été utilisée chez l’enfant pour traiter la toux ou la douleur. On la trouve encore actuellement sous forme de comprimés ou de sirop ou même combinée avec d’autres médicaments. Et elle peut s’acheter en « vente-libre », c’est-à-dire sans ordonnance, malgré l’interdiction de vente pour les enfants de moins de 12 ans.

Si votre enfant a moins de 12 ans, votre pédiatre n’a plus le droit de lui prescrire de médicament contenant de la codéine, et votre pharmacien n’a plus le droit de vous en vendre sans ordonnance.
Pourquoi?

 

Le foie s’en mêle

La codéine est un médicament appartenant à la famille des opioïdes, tout comme la morphine. La codéine a la particularité d’être un pro-médicament, ce qui veut dire qu’elle doit d’abord être transformée, dans le foie, en morphine pour être active et efficace. Cette modification est effectuée par une enzyme, le cytochrome 2D6, aussi appelé CYP2D6.

La génétique s’en mêle

Le problème ? Cette transformation par le foie modifie l’effet du médicament chez certaines personnes : soit en diminuant son action, soit en l’augmentant.
Chez environ 1 personne sur 10, le code génétique empêche la fameuse enzyme CYP2D6 de faire son travail. Dans ce cas, la codéine n’est pas transformée et reste inefficace contre les douleurs et la toux.
A l’inverse, le code génétique d’environ 3-30% de la population augmente le fonctionnement du CYP2D6, qui se met à produire (beaucoup) trop de morphine, avec un risque de surdosage, même avec des doses normales de codéine.

Plusieurs enfants et adultes ont ainsi présenté, après une prise normale de codéine, des effets indésirables parfois graves liés au surplus de morphine. Ces effets sont allés jusqu’à des arrêts respiratoires.
Les enfants étant plus sensibles aux effets indésirables, certains sont même décédés suite à la prise de codéine.

Interdictions en vigueur depuis 2012

Sans test génétique, il n’est pas possible de savoir si le CYP2D6 de votre enfant fonctionne trop ou pas assez. C’est pourquoi, depuis 2012 déjà, les autorités sanitaires en charge de la surveillance des médicaments (la FDA aux Etats-Unis, l’EMA en Europe et Swissmedic en Suisse) ont émis les recommandations suivantes :
– chez les enfants de moins de 12 ans, il ne faut plus utiliser la codéine
– chez l’enfant de plus de 12 ans, la codéine ne peut être utilisée qu’en cas d’efficacité insuffisante avec du paracétamol et/ou un anti-inflammatoire, à la plus faible dose efficace et pour la durée la plus courte possible
– chez tous les enfants, il ne faut plus donner de la codéine après l’opération des amygdales ou des végétations
Depuis le 11 janvier 2018, la FDA a même étendu l’interdiction de la codéine à tous les enfants de moins de 18 ans (et non plus 12 ans).

En résumé

La codéine, présente dans certains médicaments contre la douleur ou la toux, est transformée dans le foie en morphine. Chez certaines personnes, ce processus peut conduire à une production excessive de morphine dans le sang, et les expose ainsi à des effets indésirables graves. Les enfants sont particulièrement sensibles aux médicaments. Pour cette raison, la codéine ne doit plus être utilisée chez l’enfant de moins de 12 ans (contre la toux ou la douleur). Et cela même s’il s’agit de produits vendus sans ordonnance.
En cas de douleur ou de toux, chez votre enfant, il est important de discuter avec votre médecin ou votre pharmacien des alternatives thérapeutiques.

Billet rédigé et illustré par Dre F. Rodieux
Billet relu par Dre V. Piguet et Mme S Soumaille
Aucun conflit d’intérêt n’est rapporté par l’auteur et relecteurs.

Références
Planète santé. Jamais plus de codéine aux enfants
Webzine de la HAS. Douleurs et enfant – La codéine, pas avant 12 ans et sous conditions

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Publié par Valérie Piguet

Médecin consultante dans les services de pharmacologie et toxicologie cliniques et de médecine interne de réadaptation des Hôpitaux Universitaires de Genève. Médecin au centre Jean-Violette du traitement de la douleur, Genève

Un commentaire

  1. En réponse à la question « Pourquoi des nanoparticules dans le Doliprane ? » reçue sur une autre plateforme :

    Le Doliprane© est un médicament qui n’est pas vendu en Suisse mais dont la substance active est le paracétamol. Selon la forme galénique, il est composé de multiples excipients. Le comprimé de 1000 mg, par exemple contient en place de la substance active, la povidone, l’amidon, le prégélatinisé, la carboxyméthylamidon sodique (type A), le talc et le stéarate de magnésium. Les détails des excipients pour les autres formes se trouvent sur https://www.vidal.fr
    En ce qui concerne son contenu en nanoparticules, le site https://www.quechoisir.org a indiqué que le Doliprane contenait le colorant E171 (dioxyde de titane) qui serait un nanoparticule qui a fait l’objet de beaucoup de discussion par sa présence dans l’alimentation selon ce site. Selon le fabricant, les gélules de Doliprane© 500 mg (enveloppe inclus) contiennent en effet, entres autres du E171. Une étude récente de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) a montré que l’exposition orale au dioxyde de titane induit de façon spontanée des lésions précancéreuses chez le rat.

    Le site « Que Choisir » aurait cependant préciser qu’en matière de prise en charge médicale « ce n’est pas une raison suffisante pour stopper un traitement utile et efficace ». « La quantité de dioxyde de titane absorbée par ce biais est probablement limitée car il ne s’agit que de l’excipient de comprimés, gélules ou sachets qui eux-mêmes ne pèsent pas bien lourd », écrivent-ils. Ils vont même jusqu’à considérer que « si l’étude menée par l’Inra alourdit les soupçons, elle ne constitue pas à ce stade une preuve de dangerosité chez l’homme ».

    https://www.quechoisir.org/comparatif-nanoparticules-dans-l-alimentation-les-cosmetiques-et-les-medicaments-n50744/doliprane-500mg-gelules-p200384/
    http://www.frequencemedicale.com/Vos-Patients-En-Parlent/9140-Medicaments-l-UFC-Que-Choisir-pointe-la-presence-de-E171

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